Je connais Kazuaki TAKAHASHI depuis le début des années 2010. Mes deux filles étaient très attirées par la langue et la culture japonaises et un ami commun a fait rencontrer nos trois familles. Depuis, ma femme et moi suivons et apprécions en amateur les tableaux de cet artiste-peintre japonais vivant en France.
La première impression suscitée par les œuvres de Kazuaki TAKAHASHI est un sentiment de joie immense que procure la symphonie des couleurs. Deux tableaux, ornent les murs de notre salon, nous les admirons tous les jours.
Le premier tableau, un grand format, dans le style du tableau Au jardin français (2006), est une stylisation abstraite du jardin arboré et fleuri qui se situe à l’arrière de notre maison. Une image parfaite l’un de l’autre, comme un reflet dans un miroir, des deux côtés de la grande table de notre salon. Nous sommes maintenant entourés de fleurs multicolores, d’arbres majestueux, de parterres aux nuances infinies de vert, sous un ciel éternellement radieux. On ne sait lequel du modèle ou de l’œuvre est le plus lumineux, le plus coloré, le plus vivant. Ce tableau bucolique représente le printemps.
Le deuxième tableau, plus petit, dans le style de Rythme automnal (2016), représente donc l’automne. Il a été inspiré par l’église Saint-Martin de Montigny-le-Bretonneux : nous devinons le clocher et les murs de pierre multiséculaires, derrière les frondaisons d’arbres majestueux aux essences multiples, aux couleurs flamboyantes de cette saison.
Nous avons également trois lithographies Paysage en boite (1999), Colonne Morris (2003) et Forêt de Versailles (2010), de style néo-surréaliste, chacune sur un mur des chambres de nos trois enfants.
Au-delà de ces œuvres, j’ai suivi le chemin parcouru par Kazuaki TAKAHASHI, depuis les premières œuvres néo-impressionnistes et néo-surréalistes, jusque dans ses recherches sans cesse renouvelées vers l’abstraction.
Si les premières œuvres néo-surréalistes me font penser à René MAGRITTE, l’un de mes peintres préférés, les œuvres suivantes, abstraites, à partir de l’an 2000, montrent, par leur singularité et leur force, la pleine maturité de l’artiste. Y dominent les œuvres aux couleurs claires et vives, un enchantement pour l’œil, une émotion forte pour le cœur, une joie suprême pour l’esprit. En contrepoint, d’autres œuvres, moins nombreuses, sont très sombres mais tout aussi puissantes. Comment ne pas y apercevoir le reflet des multiples recoins de l’âme humaine ? Comment ne pas être sensible à la spiritualité qui se dégage de toutes ces œuvres et à laquelle certains titres font une discrète allusion ? Comment ne pas voir, derrière le travail d’abstraction, les merveilles infinies de la nature terrestre ?
Les titres des tableaux de Kazuaki TAKAHASHI sont d’ailleurs une œuvre à part entière. La magie des mots est en résonnance avec les formes et les couleurs, pour exprimer pleinement des sensations, des impressions, des émotions, des rythmes, des harmonies. L’artiste-peintre serait-il aussi un poète ?
Kazuaki TAKAHASHI est, de par ses origines, fortement inspiré de l’art japonais, Le caractère inachevé sur les bords des tableaux en est l’une des manifestations les plus évidentes. Mais, en contemplant ses œuvres, je ne peux m’empêcher de penser au sens étymologique grec de la poésie, une création, avec ses figures, son rythme et son langage, et de l’enthousiasme, émotion suscitée par un transport divin. Véritables ponts entre l’Asie et l’Occident, au-delà de nos différences, les tableaux de Kazuaki TAKAHASHI trouvent en chacun de nous une résonance profonde.
Daniel Bokobza
Voisins-le-Bretonneux (Yvelines), 2024